Une sculpture-fontaine

Ce concept se développe au cours du XIXe siècle, tant en Europe qu’en Amérique, alors que l’eau se fait plus abondante dans les villes, grâce à des systèmes d’aqueducs plus sophistiqués. Dans ce type de fontaine, dont la fonction est essentiellement esthétique, ce n’est plus l’eau qui domine par son volume, mais l’architecture et la sculpture, dont l’eau est un des éléments de composition.

La fontaine se développe autour d’une colonne de forme hexagonale. Sa base évasée se prolonge de trois plateaux étagés et disposés en rayons, où s’intercalent trois bassins, également hexagonaux. La colonne compte 12 compartiments à caisson, répartis sur deux niveaux et séparés par une bague comprenant trois bassins qui surplombent ceux de la base.

Un ensemble de forme triangulaire

La distribution des sculptures obéit à un schéma pyramidal et la composition architecturale est une déclinaison de formes élaborées à partir d’un triangle. Cet agencement de formes et leur alternance, selon le motif géométrique du triangle, est particulier à Alfred Laliberté. Il constitue à l’époque une innovation, le piédestal classique se formant toujours à partir du carré.

Un premier monument à caractère purement anectodique où le privilège du piédestal revient à une humble héroïne du quotidien.

Ce monument constitue une première. Jusqu’en 1915 et bien après, tous les monuments commémoratifs, érigés à Montréal, consacrent des personnages ou des événements marquants de l’histoire. De plus, exception faite de Jeanne-Mance et de la reine Victoria, les femmes y sont reléguées à des rôles accessoires et symboliques.

Cette héroïne du quotidien, c’est la mère nourricière. C’est une paysanne, au visage buriné, dont la solide charpente et les formes épanouies accusent l’âge et, probablement, les nombreuses maternités. Mais cette femme respire l’énergie et c’est pleine d’allant qu’elle transporte son panier rempli de fruits et de légumes. Cette image est renforcée par la présence de l’eau qui, comme la femme, est source de vie. Aux pieds de l’imposante maraîchère, des grenouilles, sur le point de sauter, font jets d’eau avec des tortues postées en contrebas, sur la bague de pierre.